Rassemblant plus de 436 000 équivalents temps plein (1), l’industrie agroalimentaire (IAA) est le plus grand employeur industriel en France… et fait aussi partie de ceux qui rencontrent le plus de difficultés à pourvoir leurs emplois. Plus de 30 000 de ses postes souffrent d’une vive pénurie de compétences (2), et 61,7 % des projets de recrutement du secteur sont difficiles à mener (3). Les ressources humaines des industries alimentaires font en effet face à un double défi de recrutement, d’emplois saisonniers et d’emplois permanents.
Emploi saisonnier : un enjeu majeur pour l’activité du secteur
agroalimentaire
Soumises aux rythmes des cultures et de l’élevage, mais aussi aux habitudes
de consommation, les entreprises des industries alimentaires ont
d’importants besoins d’emplois saisonniers, qui représentent 30 % de
leurs projets d’embauche en 2023 (3).
Les secteurs agroalimentaires oeuvrant dans le conditionnement, la
conservation ou la transformation des produits maraîchers dépendent
évidemment des
calendriers très contraignants des campagnes de production agricole
.
D’autres filières comme par exemple celles de la viande, des boissons,
ou des divers produits d’épicerie sont davantage soumises, selon leurs
spécificités, à la
saisonnalité des modes de consommation, souvent associée aux
conditions météorologiques.
Les fêtes de fin d’année constituent toutefois une période particulière de pic de recrutements
saisonniers commun à la plupart des secteurs de l’IAA : cette concomitance accentue les difficultés de recrutement des
entreprises, qui doivent dès lors bien anticiper et calibrer leurs
projets d’embauche saisonniers.
Elles mobilisent à cet effet un important vivier d’intérimaires d’environ 60
000 équivalents temps plein par an (4). Recrutés généralement sur
des postes de production peu qualifiés (agent de production, de
conditionnement, de manutention), ces intérimaires permettent souvent de
répondre à des besoins très ponctuels, via des contrats de courte durée à la
journée ou à la semaine (en moyenne, de 1,5 semaine) (5).
Ce fonctionnement structurel induit donc un turn-over très important de la
main-d’œuvre ponctuelle, difficile à fidéliser.
> Aller plus loin :
Comment fidéliser les intérimaires qui travaillent pour votre entreprise ?
Les industries alimentaires font partie des secteurs pouvant avoir
recours au contrat de travail intermittent. Ce contrat
à durée indéterminée permet de pourvoir des emplois, alternant des
périodes travaillées et des périodes non travaillées, en fonction du
rythme d’activité de l’entreprise. Selon
la convention collective des industries alimentaires, ce type de contrat peut concerner
des emplois de production, de conditionnement et de logistique quel
que soit leur niveau de qualification, pour une durée de travail minimale de 800 heures par an.
Pouvant être cumulé avec d’autres contrats de travail complémentaires,
et donner lieu à une rémunération lissée sur l’année, le contrat
intermittent présente ainsi l’intérêt de fidéliser les collaborateurs et
collaboratrices concerné·es, sans entraver la flexibilité de
l’entreprise.
Des emplois permanents eux aussi difficiles à pourvoir, face à
des métiers alimentaires en pleine mutation
Pas moins de 64 000 projets de recrutement non saisonniers (3)
sont en effet émis par le secteur chaque année, et concernent une
grande variété de métiers, accessibles du CAP au Bac +5.
L’automatisation et l’appropriation des technologies digitales imposent
toutefois
un renouvellement et une montée en compétences de la plupart de ces
professions. Une nécessité à laquelle les entreprises répondent par le recrutement de
salarié·es plus qualifié·es, et par l’évolution des compétences des
salarié·es en place via la formation.
Les conducteurs de lignes ou de machine sont un exemple
significatif de ces changements. Ces postes évoluent continuellement depuis
plusieurs années, au gré de l’automatisation et la robotisation des lignes
de production, dont ils doivent désormais garantir le fonctionnement et la
résolution des problèmes afin de limiter les interventions
des technicien·nes de maintenance.
Ces mêmes technicien·nes évoluent eux aussi progressivement, le champ de
leurs compétences augmentant avec la modernisation des appareils de
production. Parallèlement, les postes de leurs homologues de niveau de
qualification inférieur sont de moins en moins renouvelés, signant la
disparition imminente du métier d’agent de maintenance
(6).
Autant de tendances que doivent intégrer les politiques RH des acteurs
agroalimentaires à court et moyen terme, à travers une
solide stratégie d’évolution interne nourrie notamment de formation
continue et
de
VAE. Cette stratégie doit aussi s’associer à un
programme d’attraction et d’acquisition des nouvelles générations de
talents, à déployer au plus près des écoles de formation de leurs territoires, et
dès le lycée, pour dépoussiérer l’image du secteur et valoriser ses métiers
émergents.
Intérim, CDI, CDD, intermittence, mais aussi alternance : nous cherchons
et sélectionnons pour vous les meilleurs talents, en mettant à votre
disposition toute notre palette de solutions RH, du sourcing à la
formation !
(1) Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire,
Panorama des industries agroalimentaires 2022
(2) LeLab BPIfrance,
Les difficultés de recrutement, L’association nationale des industries
alimentaires, août 2023.
(3) Pôle Emploi,
Enquête besoins en main-d’œuvre 2023.
(4) Observatoire de l’intérim et du recrutement,
Chiffres clés 2022.
(5) DARES,
L’emploi intérimaire en 2023.
(6) Observatoire VAE Normandie,
La VAE, levier ressources humaines pour accompagner les évolutions des
emplois et des compétences dans les industries agroalimentaires ?, mars 2019.