En France, l’industrie du nucléaire représenterait 2 % de l’emploi (1). Un chiffre qui, s’il peut paraître faible, représente 410 000 emplois techniques dans une industrie aux enjeux considérables. Parce qu’un recrutement juste s’impose, revenons avec notre expert Sylvain Bianciotto – Responsable d’Agence Coach chez Modis France – sur ce qu’il faut savoir pour recruter dans le nucléaire.
Pour commencer, est-il plus difficile de recruter dans le nucléaire que dans d’autres industries de l’énergie ?
Non car aujourd’hui, les activités du nucléaire ne repoussent pas. Moins de 1 % des candidats éviteront ce secteur par conviction personnelle… mais il s’agit du seul frein. En revanche, la technicité demandée par cette industrie séduit. La sécurité qui s’impose laisse peu de place à l’innovation, mais elle demande des profils très pointus, attirés par des challenges intéressants par leur spécificité et par leur durée.
Il y a, par exemple, des vagues de candidats qui ont souhaité quitter l’industrie automobile pour s’orienter vers le nucléaire et des projets plus pérennes. Alors qu’une mission peut représenter 12 mois d’activité dans l’automobile, elle durerait au moins 4 ans dans l’industrie nucléaire. Une telle durabilité est attractive pour les candidats, des ingénieurs et des techniciens sensibles à la technologie et aux projets ambitieux.
Certains métiers de l’industrie nucléaire sont-ils pénuriques, plus complexes à recruter ?
Il y a essentiellement trois métiers complexes à recruter dans le nucléaire.
Je pense d’abord aux ingénieurs contrôle commande, chargés de vérifier le bon fonctionnement des installations. Les centrales sont vieillissantes, les systèmes obsolètes : il faut les rénover avec les nouvelles technologies, d’autant plus que la sûreté est de plus en plus drastique. Les métiers de l’ingénierie sont donc très demandés pour maîtriser les installations, l’instrumentation, et réduire les risques d’accident. Avec les nouvelles technologies, les contrôles sont plus performants. De nouvelles exigences et de nouvelles compétences apparaissent.
Les ingénieurs en mécanique sont également très demandés car aujourd’hui, l’enjeu est d’augmenter la durée de vie des centrales de 10 ans – alors qu’elle est déjà de 10 ans. Il est nécessaire de trouver les bons procédés de fabrication pour avoir la certitude que les équipements sont en mesure de vivre 10 années supplémentaires. Cela demande des compétences en mécanique, en métallurgie, en sidérurgie, soudage… Les équipements tels qu’ils sont construits actuellement sont étudiés, notamment concernant les risques sismiques.
Enfin, il y a les ingénieurs et les techniciens intervenants site, notamment dans les domaines électriques et mécaniques. Ceux-ci doivent être mobiles, prêts à se déplacer tous les 3 mois, ce qui complexifie leur recrutement.
Alors que les énergies renouvelables sont de plus en plus évoquées, le nucléaire souffre-t-il de sa réputation ?
Pas vraiment : les personnes sont conscientes que l’énergie doit être fabriquée. Cela n’influe donc pas le recrutement, d’autant plus qu’il n’y a jamais eu, en France, d’incident particulier. Ceux qui travaillent dans le secteur savent que les consignes d’hygiène, sécurité et environnement sont prioritaires. Ils ont même l’impression d’être trop sensibilisés mais, grâce à cela, le risque ne les repousse pas.
D’ailleurs, ceux qui travaillent déjà dans le secteur sont souvent satisfaits et ne cherchent pas à en sortir, si ce n’est par choix de carrière.
Comment recrute-t-on dans le nucléaire ? Certaines passerelles existent ?
D’abord, les candidats sont attirés par les projets ambitieux, qui durent un certain temps et présentent certains enjeux. Ensuite, c’est la rémunération qui est particulièrement attractive.
De potentiels candidats peuvent se trouver dans les industries majeures de la chimie, du pétrole et du gaz, qui ont des procédés et des méthodes similaires. Ils ont aussi des échangeurs de chaleur pour faire des réactions chimiques, par exemple. Il est donc plus simple de trouver des passerelles dans ces industries, qui ont des ressources compétentes et des technologies communes.
Où aller chercher les candidats ?
Les personnes issues du nucléaire sont souvent privilégiées… Mais il est aussi possible de recruter de jeunes ingénieurs à la sortie d’une formation en génie électrique ou mécanique, et de les former pour créer de la main d’œuvre. C’est une solution très importante pour le recrutement dans ce secteur. Il faut donc identifier les formations dédiées dans son bassin d’emploi – des formations orientées sur la sûreté, le nucléaire, qui forment des personnes de bac +2 à bac +5. Les entreprises doivent communiquer auprès de ces formations et aller chercher les candidats à la source.
Les entreprises peuvent également se tourner vers des sites de recherche d’emploi, communiquer sur leur site et investir les réseaux sociaux comme LinkedIn.
Que peuvent apporter des experts du recrutement ?
Ce qui prime quand on recrute dans le nucléaire, au-delà des compétence, c’est la culture de la sûreté, la maîtrise de son environnement, de son microcosme. Des experts comme Adecco peuvent apporter la connaissance du réseau, de l’environnement et des profils. Ils connaissent les candidats et ne recommanderont pas des personnes qui n’ont pas cette approche, peuvent déroger à la sûreté nécessaire à la performance de l’industrie nucléaire. En mettant l’accent sur le savoir-faire autant que sur le savoir-être, les experts sont plus à même de trouver les bons candidats.
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Recruter dans le nucléaire est donc un travail d’expert : il faut penser compétences et technicité mais aussi savoir-être et sûreté. Pour décupler vos chances de vous entourer des meilleurs, n’hésitez pas à nous contacter !
Merci à Sylvain Bianciotto d’avoir partagé son expertise sur le sujet.
(1) Le Figaro, Les quatre chiffres à connaître sur l’énergie nucléaire en France