Qu’elle soit volontaire ou subie, la reconversion professionnelle est de plus en plus présente dans le parcours des collaborateurs. En mai 2017, la moitié des actifs Français avait déjà changé de métier et un tiers s’estimait prêt à le faire (1). Plus globalement, en mars 2017, l’Observatoire des Trajectoires Professionnelles montrait qu’un actif occupé sur quatre avait connu une transition professionnelle au cours des 12 derniers mois (2).
Comment cette tendance impacte-t-elle les ressources humaines ? Et comment la prendre en compte dans votre recrutement ? Philippe Hancart, directeur des opérations Île-de-France d’Altedia – cabinet de conseil en ressources humaines accompagnant les entreprises dans leurs projets de transformation –, nous en dit plus sur ce phénomène.
Aujourd’hui, quels sont les profils des personnes entamant réellement une démarche de reconversion ?
Parmi les profils accompagnés par Altedia dans leur reconversion – soit 14 200 personnes en 2017 –, nous trouvons en très grande majorité des personnes ayant vécu une réorganisation de leur entreprise. Dans les entreprises d’au moins 50 collaborateurs, ces réorganisations se traduisent par un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) et / ou un plan de départs volontaires. De tels plans sont à l’origine d’environ 90 % des accompagnements par Altedia en 2017.
En parallèle de telles procédures, nous remarquons qu’au niveau national, le nombre de ruptures conventionnelles augmente – près de 400 000 estimées cette année. C’est une tendance à prendre en compte quand nous parlons de reconversion professionnelle.
Existe-t-il des secteurs où les reconversions sont plus nombreuses ?
C’est très varié. Pendant la dernière décennie, de 2006 à 2016, nous avons constaté une majorité de reconversions dans l’industrie. Le domaine de la pharmacie a également beaucoup restructuré ses effectifs… Aujourd’hui, nous avons des domaines d’activité très larges : l’industrie mais aussi l’aéronautique, l’agro-alimentaire, l’air et l’espace, la grande distribution alimentaire, le prêt-à-porter, le textile, l’informatique, la microélectronique… Il n’y a plus vraiment de grandes tendances.
Altedia est spécialiste de la transition professionnelle. Comment se passe le parcours d’un futur « reconverti » ?
Tout dépend de son projet. Chez Altedia, les personnes accompagnées dans leur reconversion professionnelle ont plusieurs options. En 2017 :
● 47 % des personnes ont été accompagnées pour retrouver un emploi ;
● 21 % ont créé leur propre entreprise ;
● 25 % se sont orientées vers une formation.
Les 7 % restants sont des personnes n’étant pas allées au bout de leur accompagnement.
Lorsque nous accueillons une personne en reconversion, nous étudions d’abord son projet et sa faisabilité. Nous regardons notamment les débouchés dans le métier / secteur choisi, puis nous étudions la motivation de notre interlocuteur pour l’orienter vers le choix le plus judicieux. Par exemple, quelqu’un souhaitant devenir infirmier a peut-être mal évalué le nombre d’heures de travail personnel que représente une reprise d’études supérieures. Un ancien salarié souhaitant lancer son affaire de conseil n’a peut-être pas conscience de la prospection commerciale requise pour retrouver l’équivalent de son ancien salaire.
Une fois le projet défini, nous organisons le parcours de formation nécessaire pour que l’accompagné puisse atteindre ses objectifs. Le projet est ensuite validé par une commission de suivi. Quand commence la formation de l’accompagné, nous devenons plus discrets car la personne est moins disponible. Trois mois avant la fin de la formation, nous reprenons contact pour entamer les démarches pour retrouver un emploi : mise à jour du CV, préparation aux entretiens, listing des entreprises… Cette période de retour à l’emploi peut être plus ou moins longue, selon le projet de la personne.
Justement, comment est accueilli un candidat issu d’une reconversion professionnelle par les recruteurs ?
Les recruteurs n’ont généralement pas d’a priori sur les profils issus de reconversion. L’avantage, avec un tel collaborateur, c’est qu’il a déjà une expérience du monde du travail. En plus de cela, il est tout juste sorti d’une formation où il a appris les dernières pratiques. L’inconvénient, c’est qu’il n’a pas (encore) d’expérience dans le domaine.
Nous conseillons seulement de prendre garde à la question de rémunération : si la personne n’a pas d’expérience dans le domaine, elle avait par contre une valeur sur le marché de l’emploi. Il faut réussir à trouver le juste milieu pour éviter que ce nouveau collaborateur ne se lasse vite et ne soit recruté par une autre entreprise.
85 % des Français estiment que la reconversion professionnelle a du bon (1)... Vous recherchez de nouveaux collaborateurs ? Et si la perle rare de votre prochain recrutement était un profil issu d’une reconversion, fraîchement formé et prêt à s’investir à 200 % dans son nouveau métier ? Adecco est à votre écoute !
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Merci à Philippe Hancart, directeur des opérations Île-de-France d’Altedia, pour son expertise sur le sujet.
(1) Odoxa, Changer de métier ? Les perceptions des Français, 2017
(2) Lab’Ho, Observatoire des Trajectoires Professionnelles, deuxième année, 2017