Digitalisation, crise de confiance, compétitivité accrue : le secteur de la bancassurance fait face à de nouvelles problématiques et adapte sa stratégie pour y répondre. Valérie Morin, chargée de marché grands comptes chez The Adecco Group, nous explique ces nouveaux enjeux et ce que cela change en matière de recrutement.
Aujourd’hui, quelles sont les problématiques du secteur bancaire ?
Le secteur de la bancassurance évolue avec de nombreuses contraintes. Parmi celles-ci, on retrouve notamment quatre points majeurs qui influent sur le recrutement.
Les contraintes réglementaires sont plus fortes, notamment depuis 2008 et la crise des subprimes. On cherche des profils plus pointus pour savoir appliquer les réglementations.
L’impact des nouvelles technologies est indéniable. Les banques doivent investir dans la digitalisation et la robotisation. Cela entraîne le recrutement de profils en sécurité informatique, par exemple.
Le contexte économique n’est également pas au mieux. Face à la concurrence, les banques réduisent leurs marges. Il leur faut des conseillers commerciaux compétents pour vendre les nouveaux produits.
Enfin, il existe également une contrainte sociétale : l’ère du client qui reste toute sa vie dans une même banque est terminée. De plus, l’image des banques est ternie. Elles doivent effectuer un gros travail sur leur marque employeur pour attirer des profils jeunes.
Quels sont les nouveaux métiers que les banques réclament ?
En réalité, on constate surtout une évolution des « anciens » métiers. Sur la partie « Front Office », les agents d’accueil se transforment de plus en plus en conseillers commerciaux. Ils peuvent avoir une spécialité mais doivent être capable de vendre tous les services à un client.
Dans la partie « Back Office », l’impact de la digitalisation est plus forte. Avec la disparition des chèques et l’arrivée des nouveaux moyens de paiement, les missions évoluent.
En ce qui concerne la finance de marché, le trader classique pourrait être, à terme, remplacé par des ordinateurs qui sauront prendre les décisions en temps voulu. Il devra donc s’orienter vers des missions de conseil.
Pour aller plus loin : 60 % des métiers de demain n’existent pas encore !
Certains métiers sont considérés comme pénuriques aujourd’hui. Est-ce aussi le cas dans les banques ?
Oui ! On pense surtout aux profils commerciaux : leurs compétences commerciales sont très recherchées et les banques ne sont pas seules à recruter ces profils. Les cadres sont également difficiles à trouver, surtout en région parisienne où l’on retrouve 60 % des banques françaises. Les métiers de cadres en informatique sont particulièrement demandés, même si les banques externalisent les prestations informatiques auprès d’Entreprises de Services du Numériques (ESN) comme notre filiale Modis.
Il faut savoir que les contraintes réglementaires obligent les banques à investir de gros budgets dans la formation. Elles accordent aussi beaucoup d’attention à l’alternance, recrutent environ 6 000 à 8 000 alternants par an et investissent pour attirer de jeunes talents.
Chez Adecco, nous aidons nos clients à trouver les profils ayant les aptitudes, le potentiel et la motivation pour évoluer dans ce secteur. Pour cela, nous mettons en place des assessments adaptés aux attentes du client et évaluons les aptitudes commerciales avec des mises en situation en fonction du secteur d’activité. Par exemple, pour des agences de voyage, le candidat évalué devra montrer sa capacité à écouter les besoins du client et à vendre des prestations complémentaires.
En 2016, 312 agences ont servi l’ensemble des métiers de la banque et des fonctions supports auprès de 545 clients différents. Nous avons constaté une tendance : aujourd’hui, quand on recrute dans ce secteur, on ne peut plus miser sur la seule expérience. Il faut élargir aux compétences. Prenons, par exemple, le cas d’un conseiller clientèle qui vient d’un centre d’appel, qui n’a pas d’expérience dans le secteur bancaire mais qui connaît la relation client et sait vendre des produits. Avec la bonne formation, il peut devenir conseiller commercial dans la banque.
Enfin, il est toujours bon de rappeler que les banques montrent l’exemple en matière de diversité : de nombreux candidats sont des personnes en situation de handicap ou issues de zones défavorisées.
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Merci à Valérie Morin pour son témoignage.
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